Le voyage du Président de la RDC au Rwanda a suscité un débat fort intéressant. Son recueillement au mémorial du génocide rwandais a suscité une forte indignation dans notre communauté. Certains, plus amers et plus incisifs, ont considéré cela comme une faute politique.
Pour ma part, je me permets de prendre le contre pied de tout le monde pour dire que quelques soient les raisons subjectives ou objectives qui sous-tendent ce débat, il y a lieu de considérer que les Congolais expriment ici une juste frustration, voire une vraie souffrance psychologique et morale. Mais bien que légitime, ce mode d’expression ne pourrait suffire à la résolution du problème.
Fustiger le Rwanda, c’est bien mais toute raison gardée, au Rwanda aujourd’hui, il existe un semblant d’État, avec un pouvoir certes visionnaire quoique autocrate qui semble avoir fait de la question de l’entretien de la mémoire une stratégie de survie et une ligne principale de communication. Le pouvoir rwandais impose indistinctement à tous les officiels étrangers de passage à Kigali la visite et le recueillement au mémorial pour honorer les morts rwandais, victimes de leur génocide. Le Rwanda tire ainsi son modèle d’Israël qui opère de la même manière depuis plus de 50 ans avec un résultat probant.
Comme au Rwanda, nous avons aussi nos morts, des millions de morts et parmi eux, des victimes des guerres hégémoniques rwando-ougandaises de triste mémoire ayant pour but de faire main basse sur les ressources naturelles congolaises et d’occuper un pan de nos terres sacrées. Ce génocide n’a jamais été ouvertement reconnu par la communauté internationale pour ne pas froisser leur allié rwandais. Pourtant, les preuves foisonnent et les rapports moisissent dans les tiroirs sous une Omerta sans précédent.
Il nous appartient à nous tout seuls, en tant que peuple, de faire du respect de la mémoire de nos compatriotes une cause à défendre, une revendication majeure en vue de la reconnaissance ici comme ailleurs de la tragédie congolaise qui ne date pas d’aujourd’hui. C’est un devoir d’État et les nouvelles institutions devraient s’y employer.
Notre combat en tant que peuple, c’est que les responsabilités comme les complicités soient un jour établies pour que définitivement la mémoire des nôtres soit honorée, le préjudice réparé et que nos morts ne sombrent dans l’oubli. Déjà, plus près de nous, du 5 au 10 juin prochain, ça sera le 19ème anniversaire de la guerre dite de 6 jours à Kisangani, qui avait opposé les armées hégémoniques rwandaises et ougandaises sur notre sol, faisant plusieurs milliers de morts. Pour l’État congolais, la commémoration de cet événement peut constituer un début de prise de conscience de la nécessité d’honorer la mémoire de nos compatriotes fauchés par les canons étrangers ennemis du Congo.
Le refus de poser le problème autrement plombe notre mémoire et fait de nous des adeptes de l’impuissance. Faisons avancer la cause congolaise, correctement.
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