Scoop ? Oui pour le commun des mortels. Non pour les responsables politiques congolais et surtout pour le corps diplomatique en poste à Kinshasa en ce que depuis plusieurs mois, l’annonce de la campagne enclenchée par BBC le 19 novembre 2021 était connue.
La publication des articles de diabolisation de l’ancien Chef d’Etat congolais était prévue pour novembre et décembre. On y est. Aussi, lorsque BBC, dans son article intitulé « Fuite de données en RD Congo : Des millions de dollars transférés aux alliés de Joseph Kabila », s’abstient d’évoquer l’existence d’un réseau dont elle est pourtant partie prenante aux côtés de Bloomberg et de The Sentry et prétend plutôt avoir eu « accès aux preuves, dans le cadre d’un consortium appelé Congo Hold-up, coordonné par le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC) », elle ment.
Au moins, en se taisant, dédouane-t-elle Joseph Kabila car maintenant on sait qu’il s’agit d’une entreprise de nuisance stipendiée. Inutile de chercher ailleurs les commanditaires ! Le contrat sino-congolais n’est pas loin. Bientôt, on s’en rendra compte…En effet, le 21 octobre 2021, s’adressant au destinataire vaguement nommé Monsieur, Madame (sic), Joe Casey a écrit sous à titre privé et confidentiel (resic): « Je suis producteur et je travaille pour la série d’investigation ‘Africa Eye’ de la BBC World Service, diffusée sur les stations partenaires africaines, la BBC en ligne, à la radio et sur les réseaux sociaux. Nous proposons de diffuser une émission sur les activités de la BGFI Bank en République démocratique du Congo (BGFIBank RDC)”. “ ‘Africa Eye’ a mené cette enquête en partenariat avec le European Investigative Collaborations Network (https://eic.network/), L’Orient-le-Jour, Bloomberg, Radio France Internationale, KVF, The Continent, The Namibian, Congo Research Group, la Plateforme pour la protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), Public Eyen Resource Matters et The Sentry. Toute correspondance avec vous à partir de ce moment sera partagée avec nos partenaires et considérée comme officielle ”.
Après avoir posé des questions du genre ” M. Jean-Jacques Lumumba, ancien cadre de la BGFIBank RDC, affirme que tout cela fait partie d’une ‘ kleptocratie ‘. Quelle est votre réponse à cela ? “, Joe Casey note : “ Votre réponse est la bienvenue. Si vous souhaitez faire une déclaration qui sera reflétée dans le programme, nous vous demandons de l’envoyer au plus tard le 4 novembre à 18h00 BST à joe.casey04@bbc.co.uk. Nous refléterons équitablement et précisément votre réponse, dans notre contenu ”.
Dans une autre lettre ne portant, elle, aucune date, l’auteur introduit sa correspondance par ce paragraphe : “ Je suis William Clowes, je travaille pour Bloomberg. Je vous contacte au nom du consortium de médias Le Réseau European Investigative Collaborations (tel que répertorié ici (https://eic.network/) ainsi que ses partenaires qui sont L’Orient-Le-Jour, Bloomberg, Radio France Internationale, KVF, The Continent, The Namibian et BBC. Nous menons un projet d’enquête concernant la RDC ”. ” Au nom de Bloomberg et de ses partenaires mentionnés ci-dessus, nous souhaitons obtenir des réponses et des commentaires officiels et citables à un certain nombre de question détaillées ci-dessous. Nous vous prions donc d’accuser réception de ces questions et de répondre au plus tard le 5 novembre, afin que nous puissions inclure vos réponses dans nos articles ”.Mais, il y a surtout cet avertissement :“ Merci ne pas nous envoyer de réponses confidentielles ou non destinées à être publiées. Vos réponses seront partagées dans les médias mentionnés ci-dessus ”. Et de préciser : “ Notre projet de recherche a été réalisé en collaboration avec Congo Research Group, la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), Resource Matters, Public Eye et The Sentry ». Même avertissement : « Pour cette raison, vous pourrez recevoir des questions adressées par ces ONG ».
Jamais deux sans trois, The Sentry s’adresse directement à la Sicomines dans une lettre non datée, elle aussi. En introduction, elle déclare : “ Nous vous contactons au nom d’ONG qui entreprennent un projet d’enquête concernant la RDC, mais dont la portée est mondiale. Les organisations participantes sont Congo Rechearch Group, la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), Public Eye et The Sentry ”. Et d’ajouter : “ Pour cette raison, il se peut que vous receviez également des questions de ces médias. La liste complète des médias participants figure à la fin de cette lettre ”, allusion faite à “ Le Réseau European Investigative Collaborations (tel que répertorié ici (https://eic.network/) ainsi que ses partenaires L’Orient-le-jour, The Continent, Bloomberg, Radio France Internationale, KVK, The Namibian et BBC “.
L’équipe The Sentry demande aux personnes ressources d’envoyer leurs ” réponses par mail à l’adresse suivante : drc.rechearch@thesentry.org”.DU JAMAIS VU DANS L’HISTOIRE DU JOURNALISME MONDIAL! A l’analyse de ces trois correspondances, on n’a pas à en douter : il y a dans le chef de cette union sacrée des médias et des ONG occidentaux, un appel à délation.
Au demeurant, nulle part il n’est demandé expressément à Joseph Kabila, pourtant personnage-clé, de répondre aux préoccupations d’un consortium constitué dans un but unique et inique de le discréditer et de le couler. Après tout, il n’est un secret pour personne que tout le temps où Joseph Kabila était aux affaires de janvier 2001 à janvier 2019, chacune de ses structures ne l’a jamais épargné. Toute, mais alors toute leur « production » n’a été que salissure. “ Congo Hold Up ” est donc la dernière en date. On l’a vu avec Panama Papers, rapport publié en 2017 par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).
Les 19 médias occidentaux voulaient-ils faire pareil en ciblant le sénateur à vie (qui ne s’est retrouvé dans les enquêtes ICIJ Mauritius Leaks en 2019 et Pandora Papers en 2021 ?) et se faire un nom ? Et pourquoi seulement maintenant, trois ans (bientôt) après que Joseph Kabila ait financé par le Trésor public congolais des élections ayant permis à l’opposant Félix Tshisekedi d’accéder à la tête du pays via une passation pacifique et civilisée du pouvoir, et quasiment une année après que son successeur, usant de son devoir d’ingratitude, ait détruit en pleine législature la Majorité parlementaire issue pourtant des urnes ? Pourquoi seulement à deux ans des élections de 2023 ? La réponse, du moins la tentative de réponse n’est pas à chercher à l’endroit où elle se niche.
Le journal Mediapart à lire ici
Peut-être sans le vouloir, le quotidien congolais en ligne ” ECONEWS ” a publié le même vendredi 19 novembre 2021 – peu avant le ” scoop ” matinal de Bbc récupéré en soirée par Rfi – l’article portant le titre révélateur ” Un rapport à publier ce vendredi éclabousse Kabila pour des faits avérés de corruption ”. Cet article dit tout dans cet extrait : ” Alors que tout le monde s’apprête à en connaître le contenu, plusieurs observateurs pensent que ce rapport va sérieusement rabattre les cartes sur le terrain politique, au moment où le FCC (Front Commun pour le Congo, plateforme de Kabila, se bat pour sa survie “. Ainsi, l’enjeu pour les parrains du consortium qui sont en même temps commanditaires de la campagne enclenchée est ni plus, ni moins que les élections de 2023. Le ” bénéficiaire “, lui, se devine.C’est vrai qu’on en est pas encore là. Mais, la stratégie utilisée par BBC soulève moult interrogations. Pourquoi, oui, pourquoi prétendre avoir obtenu des informations ailleurs pendant qu’on en est soi-même la source ! Et pourquoi, en plus, certains médias associés livrent-ils au conditionnel des éléments recueillis pourtant des sources prétendument crédibles ! Mais, surtout, pourquoi alerter l’opinion sur les deux semaines où un consortium des médias occidentaux vont la gâter avec des révélations programmées et recueillies de la délation généralisée ! LA REMONTADA DES VAINCUS D’HIERQuand ils auront terminé d’achever Joseph Kabila et les siens – c’est bien cela l’objectif – le Congolais lambda cherchera, lui, à savoir quel est ce média européen ou cette ONG américaine qui a plaidé pour les investissements de son pays en RDC. En effet, depuis 40 ans, on ne connaît aucun investissement européen ni américain dans les minerais, l’agriculture ou les hydrocarbures en territoire congolais pendant qu’ils sont opérés dans les pays voisins qui entretiennent l’insécurité à l’Est. Va-t-on encore accuser le sénateur à vie et ses proches d’avoir empêché leurs opérateurs d’investir au Congo ? Car, la diabolisation entreprise n’a pas de mystère. Il y a à la base, le cri de détresse du peuple congolais qui, en trois ans, assiste impuissant à la destruction du tissu politique, économique et social de son pays, un peuple qui réclame Joseph Kabila pour venir protéger les ressources du pays contre des hyènes avares, tous bords confondus
Barnabé KIKAYA Bin Karubincien Ministre,
Ancien Ambassadeur, Ancien Député, Professeur à l’Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
nzadinews.net rédaction
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