Lutte contre Coronavirus : L’INRB et ses chiffres trompeurs.

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Vendredi 8 mai 2020, la République démocratique du Congo atteint un total cumulé de 937 cas confirmés du coronavirus et quelques 261 cas suspects en cours d’investigation. Ces chiffres qui ne cessent de prendre de l’allure sont trompeurs, au sens propre comme figuré.
La fiabilité de ces chiffres laisse à désirer notamment à cause du faible nombre de tests réalisés par le seul laboratoire d’analyse biologique congolais. L’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) affirmait pouvoir réaliser seulement 250 tests par jour fin avril dans un pays qui compte plus de 70 millions d’habitants et une capitale à plus de 14 millions d’occupants. Une donnée qui expliquerait les chiffres relativement bas de contamination. À la question de savoir les raisons même du nombre réduit des cas de guérison en RDC, le n°1 de la Commission de prise en charge précisait que c’est à cause «du peu d’équipements de diagnostic».

L’étude « le Covid-19 sur le continent africain » publiée dans la revue médicale The Lancet par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC), des épidémiologistes de l’Université Yale et de l’Université de Kinshasa (Unikin), a effectué une projection de la pandémie en RDC. Et pour ces chercheurs, la situation sanitaire reste inquiétante. Selon l’étude, « En l’absence de toute mesure, l’épidémie pourrait infecter des millions de personnes et potentiellement en tuer des centaines de milliers d’autres, majoritairement des personnes âgées».
Des conclusions qui se placent « dans le cas où le pire des scénarios se réalisait » précisent tout de même les chercheurs.
Pour les auteurs de l’étude « le Covid-19 sur le continent africain», il n’y a pourtant « aucune raison de croire que l’épidémie épargnera la RDC ». En cas d’absence de mesures sanitaires fortes, « le modèle utilisé dans l’étude prévoit que le virus pourrait se propager dans une grande partie de la population congolaise, et que près de 320.000 personnes pourraient en mourir. À titre comparatif, environ 46.000 personnes meurent chaque année du paludisme, la principale cause de décès dans le pays.»
Les chercheurs estiment qu’en fonction de la démographie du Congo, « les jeunes seront les principaux vecteurs de la maladie », mais ce sont les personnes âgées « qui en pâtiront le plus ». L’étude montre que 56% des infections devraient concerner la tranche d’âge comprise entre 0 à 20 ans, alors que 55 % des décès concerneraient les personnes âgées de 65 ans et plus. Cette propagation du Covid-19 par les jeunes devrait la rendre plus difficile à endiguer. Les jeunes congolais ont en effet beaucoup plus de contacts sociaux par jour que les personnes âgées, 24 en moyenne contre 2 pour les plus de 65 ans.
Certains facteurs pourraient également aggraver la pandémie. En République démocratique du Congo, « l’incidence du diabète est beaucoup plus faible (4,3 %) qu’aux États-Unis (10,5 %), mais le pays enregistre des niveaux de malnutrition nettement plus élevés, 43 % des enfants congolais souffrent de malnutrition chronique » prévient l’étude. Autre source d’inquiétude : la tuberculose, qui pourrait « exacerber » la propagation de la maladie, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les Nations unies ont, quant à elles, averti que le Covid-19 pourrait faire chuter les niveaux d’immunisation et entraîner le risque d’épidémies de rougeole et de polio.
Ces prévisions pessimistes ne tiennent pas compte des disparités de densité de population, entre des zones ultra-denses comme Kinshasa, Lubumbashi et Goma, et des zones rurales où vivent 57% des Congolais. Il est évident que la maladie « se propagera à des vitesses différentes » souligne l’étude. Mais les chercheurs veulent avant tout avertir les autorités congolaises de santé publique que la propagation du Covid-19 est « inévitable » en RDC. « Il ne s’agit pas ici de produire des prévisions précises sur le nombre de décès ou la durée d’une maladie » admettent les auteurs de l’étude, mais sans doute de prévoir le pire et « de prendre des mesures urgentes pour protéger les plus vulnérables, à savoir les personnes âgées et celles souffrant de comorbidités ».

Stephie MUKINZI/nzadinews.net

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