Le site Africa Intelligence révélait cette semaine que Félix Tshisekedi avait dépêché en février des émissaires à Washington pour tenter de passer un accord avec l’administration américaine. Accord qui consisterait à sécuriser l’approvisionnement américain des minerais provenant de la RDC en échange d’une pression accrue sur Kigali. Dans l’est du pays, les ressources minières comme l’or, l’étain, le tantale et le tungstène sont extrêmement convoitées. C’est une des causes de l’instabilité dans la région. Dans une étude pour la fondation Jean-Jaurès parue cette semaine, le diplomate Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France à Kinshasa, s’intéresse aux fonctionnements de ces mines et à la façon dont les minerais parviennent à quitter le pays.
les mines autour de Rubaya, aux mains du M23, tournent à plein régime
À 60 km de Goma, les mines autour de la cité minière de Rubaya semblent tourner à plein régime. Tombée entre les mains des éléments de l’AFC / M23 en mai 2024, elles représentent aujourd’hui une source importante de financement pour les rebelles. Selon un rapport des Nations Unies, le mouvement politico-armé en tirerait près de 800 000 dollars par mois. Une manne qui fait également vivre des centaines de familles, dont des milliers de creuseurs artisanaux qui y exploitent le cobalt, le coltan ou encore le tantale.
Les collines de Luundje et de Kabashumba s’affaissent sous les coups de pelles et de pioches des creuseurs artisanaux. Ils sont des milliers à s’y rendre chaque matin pour y gagner leur pain quotidien. Comme Bahati Serubungo, 32 ans, qui a passé la moitié de sa vie dans la mine.
« Je suis creuseur. Nous creusons des puits pour y entrer afin de chercher de l’argent. Pour nous y retrouver financièrement, tout dépend de si l’on trouve des trous contenant des minerais. Dans ce cas, on gagne de l’argent. Et si Dieu t’a béni, tu peux gagner entre 100 ou 200 dollars par jour. Tu peux même devenir riche en un rien de temps dans cette mine. Moi par exemple, j’ai commencé ce travail à 16 ans et j’ai déjà une maison et quatre enfants. »
À ses côtés, Eugène Musabyimana porte des affaires pleines de boue, qui témoigne de son quotidien. « Je me réveille à 7h pour aller aux mines, où je reste jusqu’à 15h. L’argent que je reçois m’aide à survivre. Depuis l’arrivée du M23, il y a vraiment plus de travail. Ce qui n’était pas le cas à l’époque des Wazalendo. »
Twizerimana, âgée de 40 ans et veuve, vend des planches aux creuseurs pour faire vivre ses cinq enfants. « Aujourd’hui, la situation s’améliore. Tu peux vendre sans qu’on te vole ton argent. Dans le passé, on nous volait les recettes de ce qu’on vendait. Ces planches-là, elles aident à construire les renforts des puits, pour éviter que tout s’effondre. Le prix varie : il y en a à 15 000 francs congolais (équivalent à 5 dollars), d’autres atteignent les 18 000 francs congolais (environ 7 dollars). Si tu en as beaucoup, tu peux faire du bénéfice et trouver de quoi manger. Par mois, il m’arrive de gagner 100 dollars, s’il y a eu beaucoup de clients. »
La cité minière de Rubaya avait été prise fin avril dernier par les rebelles. Depuis, ils avaient interdit à tout militaire de se rendre dans les mines.
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