Page d’histoire : Kyungu wa Kumwanza, le patriarche Katangais hors paire…

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Comment un simple moniteur d’école primaire devint gouverneur du Katanga et l’un des hommes le plus populaire de cette province ?

Voici l’histoire d’Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, le père de l’éveil de la conscience Katangaise.

La naissance

  1. Nous sommes à Ankoro, dans le territoire de Manono , province du Katanga dans la région de l’ancien empire Luba, l’une des entités politiques le plus évoluées que notre pays ait connu avant la colonisation.
    Le couple Marcel Kabulo Mwenda Masuwa et Alphonsine Kibawa et leurs proches sont en fête ce 24 octobre 1938. En effet, l’épouse Alphonsine vient de mettre au monde des jumeaux : un garçon et une fille. Selon les croyances bantoues, les lubakat (les lubas du katanga) considèrent la naissance d’un enfant comme un don du ciel ; mais lorsqu’il s’agit des jumeaux c’est une chance inouïe, parce que les jumeaux sont considérés comme des êtres spéciaux pouvant entrer facilement en contact avec les esprits des ancêtres qui cohabitent avec les vivants.

On t’appellera Gabriel Kyungu

Conformément à la tradition lubakat, l’ainé des jumeaux est prénommé Kyungu et la cadette kabange.

Pour identifier ce Kyungu parmi les autres Kyungu de la tribu luba, les parents ajoutent un élément de localisation « Wa Kumwanza » qui veut simplement dire de Kumwanza, qui est le nom d’un village. Ce petit garçon va se voir attribué aussi le prénom chrétien de l’archange Gabriel qui veut dire en hébreu « force de Dieu » (gabar = force et El = Dieu).
Ce prénom va donner à Kyungu Wa kumwanza, durant toute sa vie, une grande confiance en lui-même parce qu’il était convaincu que la « force de Dieu » était en lui.

Les études

C’est en 1954 que le jeune Gabriel commence ses études primaires à Ankoro. Après cette étape, il fait quatre années d’études à l’école normale de Lubunda. Ensuite, il suit une formation à l’école des moniteurs de Kapolowe. C’est dans cette institution qu’il va se lier d’amitié avec un autre jeune katangais répondant au nom de Fréderic Kibassa Maliba.

Gabriel Kyungu commence sa carrière d’enseignant à l’école Saint-André de la commune Kenya à Lubumbashi et il adhère au syndicat des Enseignants Congolais (UNECO) avec son ami Kibassa Maliba.

Les premiers pas en politique

En 1965, Fréderic Kibassa se lance en politique en se portant candidat aux élections provinciales du Katanga. Il nomme son ami Gabriel Kyungu comme son directeur de campagne. Ayant été élu, Kibassa Maliba est nommé, le 3 août 1965, ministre provincial de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports. Il nomme, à son tour, son ami Kyungu directeur de Cabinet.

De 1970 à 1974, Kyungu est inspecteur des approvisionnements à l’ONATRA. De 1974 à 1977, il se retrouve cadre au service des approvisionnements de la BCK (compagnie du Chemin de fer du Bas-Congo au Katanga).

La première guerre du Shaba

En réaction au soutien que le président du Zaïre Mobutu apporte à la rébellion angolaise du FNLA (front National de Libération de l’Angola) d’Holden Roberto et de l’UNITA (Union Nationale pour l’indépendance Totale de l’Angola) de Jonas Savimbi, l’Angola d’Agostino Neto va encourager et soutenir le FLNC (Front National de libération du Congo) du général congolais Nathanaël Mbumba à attaquer le Zaïre. Le 8 mars 1977, 1500 ex-gendarmes Katangais envahissent le Katanga. C’est le début de la première guerre du Shaba.

Les militaires marocains volent au secours de Mobutu

Les FAZ (Forces Armées Zaïroises) se trouvant dans l’incapacité de mettre un terme à cette rébellion, le président Mobutu va faire appel, le 2 avril 1977, à ses partenaires de la communauté internationale. Le 10 avril 1977, transportés par la France, 1500 militaires marocains vont venir chasser les rebelles du FLNC du territoire national.

Les 70 millions de dollars américains de cette intervention marocaine vont être payés par l’Arabie Saoudite.

Mobutu réforme timidement son régime et dissout le Parlement

_*L’après guerre

Après la guerre, les occidentaux vont conseiller au président Mobutu de démocratiser son régime parce que quand les gens ne sont pas libres d’exprimer leurs opinions et que le climat politique devient étouffant, ils finissent par prendre les armes.

En application de ces conseils, le président Mobutu va dissoudre son parlement (conseil législatif et bureau politique) dont les mandats devraient courir jusqu’en 1980. (Première législature de la 2ème République 1970 – 1975 ; deuxième législature 1975 – 1980).

Saisissant cette opportunité des élections anticipées, Gabriel Kyungu décide de se lancer, à son tour, dans la politique en se portant candidat commissaire du peuple (député national) dans la ville de Lubumbashi. Il échoue, mais il est retenu comme suppléant commissaire du peuple.

L’entrée en scène nationale de Kyungu wa Kumwanza

La vie politique de Kyungu wa Kumwanza s’active en 1980.
En effet, le 18 janvier 1980, le commissaire du peuple (député national) Mwando Nsimba, élu de la ville de Lubumbashi, est nommé, par le président Mobutu, commissaire de région (gouverneur de province) du Kivu. Il laisse son siège de député national à Kyungu wa kumwanza qui vient à Kinshasa comme commissaire du peuple.

Au mois de novembre 1980, un groupe des commissaires du peuple, considèrent que les pratiques politiques du régime s’éloignent de plus en plus du projet de société de leur parti politique le MPR (Mouvement Populaire de la Révolution) contenu dans le « Manifeste de la Nsele ».

La lettre ouverte des 13 parlementaires

En effet, les violations des droits de l’homme se multiplient (Cfr les 13 pendus d’Idiofa dans l’affaire du prophète Martin Kasongo 1978 ; le massacre des 200 creuseurs de Katekelayi 1978), les arrestations arbitraires, l’instrumentalisation de la justice deviennent monnaie courante.

Ce groupe de députés décident donc d’adresser une lettre ouverte au président de leur parti politique, le MPR, et président de la République, Mobutu Sese Seko pour dénoncer tous les maux du régime. C’est la fameuse lettre de 13 parlementaires. Et parmi ces treize, Kyungu wa Kumwanza a courageusement posé sa signature.

La réaction de Mobutu

A la suite du tapage médiatique survenu après la publication de cette lettre dans la presse internationale et des remous au sein du régime, le président Mobutu décide, le 30 décembre 1980, d’arrêter le meneur du groupe des 13 : Ngalula Mpanda Njila. Il est mis au cachot à la cité de l’OUA.

Le lendemain de cette arrestation, quatre députés signataires de la fameuse lettre se présentent à la Cité de l’OUA pour demander, par solidarité avec Ngalula, qu’ils soient, eux aussi, arrêtés. Il s’agit des honorables Makanda Mpinga, Kapita Shabangi, Kanana Tshiongo et Tshisekedi wa Mulumba. Ils vont être arrêtés à leur tour.

Par solidarité avec ses collègues, Kyungu wa Kumwanza se fait arrêter.

Étant en séjour à Lubumbashi, Kyungu wa Kumwanza va se présenter au bureau du gouverneur du Katanga, Mandungu bula Nyati, pour demander sa propre arrestation. Ce qui sera fait. Il sera transféré à Kinshasa et rejoindra les autres membres du groupe arrêtés.

Le 5 janvier 1981, le bureau du comité central du MPR va déchoir les 13 parlementaires, y compris Kyungu wa Kumwanza, de leurs mandats de députés nationaux.

Comment Mobutu va gérer le dossier de ces « 13 indisciplinés » de son parti , le MPR ?
Pourquoi et comment Kyungu wa kumwanza, Tshisekedi wa Mulumba, et les autres députés aux arrêts, vont décider de quitter le MPR parti-Etat pour créer un nouveau parti politique, l’UDPS ?

A suivre…

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