Tribune libre : FCC à Kisantu, la retraite de désunion.

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« Face à l’injustice, à l’anarchie, au désordre, à la violation des droits et des textes, il ne faut jamais se taire. Il faut se lever debout et se battre », nous apprend une sagesse vieille comme le monde. Je l’applique sans atermoiements ni remords. Surtout que, quand le débat est confisqué dans les instances habilitées, il a lieu sur la place publique, dans la rue. Foi d’un révolutionnaire.

En effet, le Front Commun pour le Congo (FCC), mégastructure supposée politique à laquelle appartient le Groupe des Partis Indépendants (GPI), mon regroupement politique, s’est dernièrement réuni à Kisantu (Kongo Central), en retraite dite de réflexion, en vue de ménager sa monture pour les prochaines batailles électorales décisives, peut-on penser.

A Kisantu, s’agissait-il réellement d’une retraite? Laquelle? Retraite après une déroute électorale à la présidentielle qui a laissé un goût de cendre à ses membres ou retraite après une carrière bien méritée ou encore retraite pour faire l’autocritique sans complaisance de son action? Ni l’une ni l’autre! Peut-être des retrouvailles entre « initiés » d’une quelconque secte mystico-politique qui ne dit pas son nom!

Car, le Front Commun pour le Congo, dans sa configuration actuelle, ne ressemble en rien à une organisation politique, soucieuse de ses adhérents et de sa prétendue « base ». Au contraire, il est plutôt comparable à une « loge ». Sa Charte constitutive est bafouée et régulièrement violée. Certains de ses membres sociétaires sont marginalisés et exclus de toutes les rencontres, toutes les manifestations et autres activités. Seuls les lécheurs de bottes sont conviés au régal. Or, sa Charte ne contient aucune disposition discriminatoire et prévoit, sur papier, le principe d’égalité de tous ses membres. Pour le moment, on dirait que le Front Commun pour le Congo est devenu un cercle des « copains et des coquins ».

Les valeurs qui ont milité à sa création, à savoir la solidarité et la cohésion, ne sont plus respectées. Ouvert, dès sa naissance, à toutes les forces politiques et sociales congolaises sans discrimination, le Front Commun pour le Congo ne réunit actuellement que des regroupements ou des partis ayant d’élus – et quels élus? – à l’Assemblée Nationale, au Sénat et dans les Assemblées Provinciales ainsi que quelques personnalités indépendantes siégeant dans les différents organes délibérants. Une grave violation de sa Charte. Pour ceux qui ont eu la malchance d’échouer aux dernières élections, la porte leur est hermétiquement fermée au nez. A moins de se retrouver parmi les cireurs de bottes de certains « barons ».

Du point de vue des participants, la grand-messe de Kisantu a été réservée aux mêmes personnalités responsables de la déroute du Front Commun pour le Congo à la présidentielle du 30 Décembre 2018. Comment ces mêmes politiciens qui ont mal géré lesdites élections et qui ont mis en place un clientélisme primaire se ressourçant aux mamelles du tribalisme et du régionalisme, pouvaient-ils se faire hara-kiri et procéder à une autocritique sans complaisance de leurs actions passées? Juges et parties, ils ne pouvaient rien faire de bon. D’ailleurs, ce sont les mêmes têtes que l’on retrouve tantôt comme les représentants de leurs partis respectifs tantôt comme membres des « instances dirigeantes » du FCC. A quand l’application stricte de la règle démocratique d’une organisation membre (regroupement, parti politique, association), une voix au sein du FCC?

En plus de cette gestion politique calamiteuse, le Front Commun pour le Congo n’a même pas une administration digne de ce nom. Son Coordonnateur National qui ne détient aucun mandat officiel de nomination, s’est entouré de petits porteurs de mallettes et de garçons de course recrutés dans des conditions connues de tous, gère selon ses caprices, règle des comptes à ceux qui ne pensent pas comme lui et obéit au diktat de ses « amis ». Affaire réservée aux « initiés ». Les autres sociétaires sont rejetés, très mal accueillis et mal servis. Prenons le cas des correspondances. Les courriers d’une catégorie donnée des sociétaires moisissent dans les tiroirs. Et les accusés de réception tombent à compte-gouttes et avec un retard incroyable. Un simple courrier peut mettre un ou deux mois entre la Résidence Victor sur l’avenue de la justice et son malheureux destinataire. On se croirait au Moyen-Age!

Dans ces conditions, la retraite de désunion de Kisantu ne pouvait qu’accoucher d’une souris. Le fameux « communiqué final », creux et ambiguë, ne communique rien. On a plutôt assisté à une autoflagellation d’un autre siècle par une équipe perdante en train de se battre pour sauver sa peau. En lieu et place de la restructuration de ses organes non-prévus dans sa Charte et de la redynamisation d’une hypothétique « base » quasi-inexistante, les sociétaires du FCC, en général, s’attendaient à la démission du Coordonnateur National et des Membres de son illégal Comité Stratégique. Rien de tel à l’horizon sombre du Front Commun pour le Congo.

Concernant les relations avec son partenaire, le CACH, on a eu droit au silence des morts politiques. Pas de message de soutien au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et à son gouvernement! Rien aussi sur l’avenir de la Coalition CACH-FCC comme si le Front Commun pour le Congo faisait partie de l’opposition au pouvoir actuel. Par contre, des bruits inutiles et indigestes ont été vociférés sans tenir compte de son propre bilan désavoué par le Peuple Congolais le 30 Décembre 2018.

Kisantu, un nouveau Waterloo pour le Coordonnateur National et les Membres du Comité Stratégique du FCC? C’est le cas de le dire! Car, le refus de la place d’honneur par l’Autorité Morale du FCC n’est pas seulement le signe de l’humilité mais le désaveu d’une équipe et de sa politique discriminatoire et impopulaire. Son silence traduit également sa déception, selon de nombreux observateurs. Avec le FCC, on a donné l’impression de chasser le naturel mais il est revenu au galop, même par la petite porte. Car, la gestion du FCC n’est pas différente de celle de la défunte MP ou de l’ex-AMP, qui a été marquée par l’exclusion, le clientélisme et la médiocrité. Ah, la médiocrité!

En écartant d’autres signataires de sa Charte sous des motifs fallacieux, en instaurant la discrimination et l’exclusion, en le ramenant au niveau d’un club d’amis, en s:autoflagelant, en évitant un vrai débat démocratique contradictoire, la retraite de désunion de Kisantu a été un échec, un gâchis. Et, le but a été raté. Dommage!

Crispin KABASELE TSHIMANGA BABANYA KABUDI
Coordonnateur National du Groupe des Partis Indépendants (GPI),
Membre du FCC

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