Hier, dimanche le 19 mai 2019, aux heures du soir, comme une trainée de poudre, la nouvelle de l’interpellation de Mr Lambert Mende, ex ministre de la communication et porte-parole du Gouvernement sous le régime Kabila, par la police, a fait la une des médias et des réseaux sociaux. C’est à 21h en T.U. que j’ai suivi l’intéressé répondre aux questions du journaliste sur Top Congo FM :
- ‘’Je crois que le ministre Olongo veut profiter de son intérim pour me faire la peau’’ (Top Congo FM), l’expression ‘’faire la peau à quelqu’un’’ signifie lui faire du mal ou le tuer.
Dans une interview à ACTUALITE.CD, il a déclaré également :
- « Je viens d’arriver chez moi. Je ne comprends pas personnellement ce qui m’est arrivé. Je suis convaincu que c’est une manipulation des services de police par le ministre intérimaire de l’Intérieur, Basile Olongo Pongo, qui essaie de régler ses comptes avec moi étant donné que nous avons des litiges post-électoraux. Il veut profiter de son intérim pour me faire la peau ». « J’étais au services spéciaux de la police, près de l’Institut Supérieur du Commerce (ISC). Ils ne m’ont même pas interrogé. A peine, étais-je arrivé là-bas, je crois que le conseiller spécial François Beya les a appelé pour dire : mais qu’est-ce qu’il y a ? Il a ordonné que je sois immédiatement relâché ».
Et il a ajouté, en plus, dans une autre interview sur RFI :
- ‘’J’entends donner des suites politiques et judiciaires à ce que je considère comme un abus de pouvoir’’
Surprenamment, j’ai suivi avec attention ces propos de Mr Lambert Mende, et finalement j’ai compris la VERITE qu’expriment ses lamentations. Oui, il est temps que le peuple congolais et le monde entier se rendent à l’évidence que ces plaintes de Mr Mende résument en quelque sorte les cris de détresse du peuple congolais pendant près de deux décennies. Mr Mende se plaint :
- de ne rien comprendre personnellement ce qui lui est arrivé ;
- d’une manipulation des services de la police par le ministre intérimaire de l’Intérieur qui lui en veut ;
- d’avoir été brutalisé et arrêté comme un vulgaire sans un mandat d’arrêt, alors qu’il est député national ;
- de n’avoir même pas été auditionné par la Police qui l’a relâché aussitôt sur intervention bien sûr,
- d’avoir été victime d’un abus de pouvoir.
Enfin il promet une procédure en justice contre ses bourreaux.
Quelle est la vérité qui se dégage de ces lamentations de notre compatriote, candidat au Gouvernorat du Sankuru? Le sacré et tout puissant Porte-parole de la Kabilie nous révèle que le régime d’occupation de l’AFDL ou régime-Kabila père et Fils qu’il a servi avec fidélité et piété n’a pas su instaurer un État de droit basé sur le principe démocratique de séparation des pouvoirs, n’a pas formé une police et une armée professionnelle, n’a pas généré des institutions justes et respectueuses de la personne ; bien au contraire, ce régime néocolonialiste et despotique n’a fait qu’engendrer un non-état au cœur de l’Afrique centrale au 21ème siècle. C’est ça la vérité qui se dévoile après deux décennies des mensonges. N’est-ce pas un aveu poli de la part de l’incontournable ex-ministre de l’information et des médiats!
Nous n’avons pas oublié la brutalité et la répression en sang des manifestations de 2015 à 2018, des massacres de porte à porte à Kananga, des massacres des adeptes de Dibundu dia Kongo, de Kamuina Nsapu et ses partisans, des viols et violences institués comme mode de gestion de l’État, sans compter l’arbitraire et la brutalité dans l’arrestation par exemple de Mr Frank Diongo, de Mr Jean-Claude Muyambo, de Mr Gecoco Mulumba (jugé sur son lit d’hôpital), etc. C’est alors que le Baron Mende passait les meilleures de ses prestations de porte-parole pour défende l’indéfendable : ‘’la RDC a une police professionnelle’’, ‘’le ciel ne peut pas tomber sur nos têtes parce qu’on a arrêté un opposant’’, ‘’nous sommes un pays souverain et nous n’avons pas de leçons à recevoir de quiconque en matière des droits de l’homme’’, ‘’ce sont des délinquants que la police a dispersé dans les Églises de Kinshasa’’, ‘’il n’y a pas de fausses communes à Maluku comme les néocolonialistes jaloux de notre souveraineté le prétendent, nous sommes seuls capables de diligenter des enquêtes et de juger les coupables, etc.
Je reviens à ce que j’ai dit précédemment, ‘’Quand le mensonge détrône la vérité, les hypocrites sont les premiers à se prosterner devant le roi menteur’’, disait Manzouz Hacène. ‘’Ce qui est déshonorant, ce n’est pas de mentir, c’est de se faire prendre en flagrant délit de mensonge’’ (Etienne Rey).
Je ne fais pas ici le plaidoyer de l’arbitraire tel que constaté dans l’interpellation de Mr Lambert Mende par la police. Que l’on me comprenne bien ! Je veux juste mettre en relief un aveu que notre Honorable et ex-ministre de la communication a fait sur la non-existence de la vraie justice ou des institutions étatiques justes que son régime de triste mémoire n’a pas su mettre en place.
Dans les Fables de Jean De La FONTAINE, nous lisons Les animaux malades de la peste : ‘’Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés’’. Des congolais sont malades de la peste de l’amnésie — mais pas tous— qui fait qu’on oublie vite l’histoire récente de notre pays, l’histoire de notre tragédie, l’histoire de nos morts et de nos héros (Mamadou, Rossy Tshimanga, Thérèse Kapangala, chef Kamuina Nsapu, etc).
Comme Mr Lambert Mende qui ne comprenait personnellement pas ce qui lui était arrivé le dimanche soir du 19 mai 2019 , les congolais ont passé près de deux décennies sans comprendre pourquoi ils devaient subir les tracasseries policières et de la Garde présidentielle, les massacres, les viols, le chômage, les salaires modiques, l’humiliation à la face du monde, etc. de la part des gouvernants prédateurs et sanguinaires censés leur procurer la protection et des conditions de vie meilleure.Oui, nous l’avons compris ! ‘’Le mensonge c’est la foi des maîtres et des esclaves ! La vérité, c’est le dieu des hommes libres’’, disait Maxime Gorki. C’est la ‘vérité de mes mensonges d’hier’’ pourrait dire l’Honorable ‘’victime de l’abus du pouvoir aujourd’hui’’.
Alors reste-t-il à nous demander s’il est possible de BATIR UN ETAT DE DROIT SUR LES RUINES D’UN NON-ÉTAT ?’’ Le défi à relever par Mr le président Félix-Antoine Tshisekedi est à la mesure de sa taille. Il y a des préalables inéluctables dont il faut tenir compte en amont. C’est le thème à développer dans notre prochain article.
François Tshionyi Kazadi, Analyste Indépendant
Madrid, le 20 mai 2019
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